Invité par l'Université inter-âges de Haute-Auvergne, le président de l'Association pour la sauvegarde des burons, Marcel BESOMBES, reviendra notamment sur le déclin de ces anciennes fromageries d'altitude : « On est passé de 1.000 burons en activité fromagère en 1945 à trois, aujourd'hui ». Quand a-t-on pris conscience de l'importance de ce patrimoine ? Dans les années 80, au niveau de la chambre d'agriculture, on a pris conscience qu'il fallait sauvegarder ce patrimoine. On a embauché un garçon pour s'occuper de ce dossier. On a créé l'Association pour la sauvegarde des burons du Cantal, en 1984. L'association, avec ses partenaires, a débuté des restaurations. La première que nous avons menée, c'est celle du buron de Cabrespine, là-haut au puy Chavaroche.
Pourquoi vouloir les sauvegarder ? Le buron est le patrimoine le plus emblématique du Cantal. Des châteaux, des églises, il y en a partout en France. Des burons, non ! Cette démarche de sauvegarde a été accompagnée par des programmes d'aides de l'Europe et du Département. Aujourd'hui, il n'y a plus d'aides. Ni du Département, ni de l'Europe. Au niveau de la Région, on n'a pas réussi, à ce jour, à bâtir un programme. Du coup, la restauration de ce patrimoine s'est ralentie. C'est dommage ! Il faudrait qu'au moins, on puisse faire de la mise hors d'eau. Une fois que la ruine s'est installée, il n'y a plus grand-chose à faire… Voir des plateaux cantaliens sans burons, il manque quelque chose… Quel est l'état réel des burons ? L'association a fait une enquête auprès des maires en 2014. On a eu 180 réponses sur 258 qui nous ont permis de recenser 800 burons. La moitié est en bon état. Mais 150 sont en mauvais état et près de 300 sont en ruines. Cela veut dire qu'il y a encore du travail à faire. C'est à Saint-Projet-de-Salers qu'on a recensé le plus de burons, 49 au total, dont 14 en bon état. Trizac compte 32 burons dont 21 en bon état. Malbo, on a 22 burons et 18 en bon état…
Les burons ont-ils encore un avenir ?
Ce qui est sûr, c'est qu'on ne refera pas de fromage au buron. En revanche, on peut refaire du fromage sur ces zones d'estives à condition que les exploitants se regroupent en collectif pour mutualiser les installations, la fabrication… Il y a aussi de la place pour transformer des burons en restaurants, en refuges de montagne, en résidences estivales… Chemcha Rabhi